26 Décembre 2012
Au début du mois, j'avais consacré une émission sur la radio à l'hypersensibilité émotionnelle. Ayant eu pas mal de retours de personnes qui ont été intéressées par le sujet, et vu que la chronique n'est plus accessible laissant la place à la suivante, je vous mets donc ci-dessous le texte que j'avais enregistré en espérant que ça puisse aider le plus de monde possible.
L’hypersensibilité émotionnelle touche certaines personnes sans distinction d’âge de sexe ou autre. Il ne s’agit pas d’une maladie contrairement à ce que l’on peut croire mais tout simplement une capacité extrêmement développée pour ces personnes de sentir leurs émotions et leurs sentiments mais elles ont souvent aussi la capacité de sentir ce que ressentent les autres.
Autrement dit, les hypersensibles sont capables de ressentir plus de choses que la moyenne des gens. Utilisons une comparaison. Les chiens, par exemple, contrairement aux êtres humains, sont capables d’entendre les ultrasons. Cela ne signifie pas que les chiens soient meilleurs ou moins bons que les êtres humains, mais qu’ils ont cette capacité que nous n’avons pas. Eh bien, pour les hypersensibles, c’est la même chose : il s’agit d’une capacité que tout le monde ne possède pas.
Pour une personne hypersensible, entendre parler d’une situation douloureuse par exemple, est encore plus difficile que pour la majorité des gens car ce qu’elle ressent face à la situation provoque en elle un raz-de-marée émotionnel et elle peut passer de la plus grande tristesse à la plus grande joie sans que l’on sache vraiment pourquoi ni comment cette transformation a pu se faire.
La vie des hypersensibles n’est pas toujours facile justement parce qu’ils sont tout le temps submergés par leurs émotions et la plupart du temps, ce sont des personnes qui ne sont pas forcément toujours comprises par leur entourage proche ou moins proche.
Alors, comment faire pour faciliter le quotidien ? Eh bien, il est tout d'abord indispensable d’accepter que vous êtes hypersensibles. Le rejeter ne fera qu'amplifier le phénomène. Vous ne pouvez pas changer cela. Par contre, vous pouvez le gérer, cela s’apprend. Dites-vous que cette capacité que vous avez et qui vous permet de ressentir les émotions de façon exacerbée n’est pas uniquement négative. Voyez plutôt le côté positif car malgré ce que vous ressentez souvent, il y a du positif là-dedans puisque si vous parvenez à gérer vos émotions, vous êtes capables mieux que quiconque d’écouter les autres et de les aider puisque vous avez cette facilité naturelle à vous mettre à la place des autres et à savoir ce que les autres ressentent. Et c’est une qualité qui est précieuse.
Une difficulté à laquelle se heurte tout hypersensible dans sa vie quotidienne est qu’il est souvent considéré, je vais dire, comme « malade ». Mais si les personnes qui ne sont pas hypersensibles peuvent croire que les hypersensibles frôlent quelquefois l’hystérie, dites-vous bien, que dans l’autre sens, les hypersensibles, eux, trouvent que les personnes qui ne sont pas comme elles se comportent parfois de façon inhumaine. Alors bien évidemment, dans les deux cas, il s’agit d’une distorsion de la réalité qui correspond tout simplement à la façon dont chacun ressent et appréhende les choses. Et, du coup, dans ce cas, si chacun campe sur ses positions, alors forcément un problème se pose. Et chacun des deux camps, si j’ose dire, doit faire un pas en direction de l’autre pour pouvoir communiquer d’une meilleure façon.
Tout d’abord du côté des hypersensibles, bien que cela soit la chose la plus difficile à faire justement du fait même que vous êtes hypersensible, il est utile d’essayer de relativiser et d’envisager les choses de façon plus objective. Alors je ne vous engage pas d’occulter complètement vos émotions, mais tout simplement à les mettre de côté, ne serait-ce que deux minutes pour analyser la situation en fonction des faits que vous avez en main. Cela ne veut pas dire que vous devez sacrifier vos sentiments à la raison mais tout simplement d’essayer d’utiliser votre raison comme outil complémentaire.
Un exemple tout bête : vous avez un rendez-vous très important qui provoque chez vous un tsunami émotionnel et pour voit rendre à ce rendez-vous, vous devez y aller soit en vélo, soit en bus car votre voiture est en panne. Si vous vous concentrez sur votre émotion uniquement, vous allez ressentir le stress du rendez-vous mais aussi le stress du choix que vous avez à faire. Par contre, si vous faites un peu plus appel à votre cerveau gauche, eh bien la solution pourra apparaître un petit peu plus facilement parce que par exemple, votre lieu de rendez-vous ne possède pas d’endroit pour garer votre vélo en toute sécurité. Évidemment, il s’agit d’un exemple très basique mais c’est pour faire comprendre le mécanisme.
Et en ce qui concerne la façon de communiquer avec les autres, le principe est le même : essayer d’utiliser un petit peu plus les faits en mettant de côté pendant quelques instants seulement votre trop-plein d’émotions, peut vous aider à dialoguer plus facilement avec les personnes qui ne sont pas, comme vous, hypersensibles.
Maintenant, plaçons-nous de l’autre côté. Disons donc que vous n’êtes pas vous-même hypersensible et que vous avez une vision très réaliste des choses. Vous avez du mal à vous faire entendre d’un hypersensible. Eh bien là, la première des choses à savoir est qu’un hypersensible ne sera pas capable de vous écouter si vous ne prenez pas en compte ce qu’il ressent ! Cela paraît peut-être évident à dire mais dans la pratique, cela n’est pas si évident.
Si vous voulez qu’un hypersensible soit réceptif à ce que vous dîtes, il vaut mieux commencer par être à l’écoute de ce qu’il ressent et faire l’effort de comprendre ce qui se passe en lui avant de lui donner des conseils. De cette façon, la personne hypersensible se sentira écoutée et respectée et sera plus à même d’écouter à son tour ce que vous avez à lui dire.
Pour reprendre l’exemple très simple du vélo et du bus, il ne sert strictement à rien de dire à la personne hypersensible : « tu n’as qu’à prendre le bus car il n’y a pas d’endroit pour garer ton vélo ». Il vaut mieux dire « il est normal que tu sois stressé à cause de ce rendez-vous et par le fait que ta voiture est en panne. C’est déjà difficile pour toi. Je pense que ce serait plus confortable pour toi de prendre le bus car au moins tu n’auras pas de stress supplémentaire à gérer en essayant de trouver un endroit pour ranger ton vélo car il n’y a pas de place devant le bâtiment ».
C’est une simple différence de formulation mais la personne hypersensible voit, qu’au moins, vous avez pris en compte ses sentiments et que vous ne lui avez pas juste dit ce que la froide raison qui pour elle n’est pas importante ordonne de faire !
Le 17 août 2014 : mise à jour. Pour plus de détails sur cette question, cliquer ici.