Graphologie (4) quelques explications techniques (deuxième partie)

06/02/2012 16:35

Carlo Chinaglia, Edoardo Triscoli, Graphologie. Manuel d'analyse psychologique et courte histoire de l'écriture, Gremese, 1996, traduit de l'Italien par Annie Maldant, pp. 74-189.

"Ampleur de la marge supérieure. Symboliquement, la partie haute est le lieu de l'imagination, de l'esprit, de la morale, mais également celui des dieux en tant qu'autorité, comme quelque chose qui domine, voit et juge ; n'importe quel type de guide et de règle provient d'en haut : là se trouvent l'autorité et son gardien (le Surmoi) qui modèlent et dirigent nos actions morales en contrôlant tout ce qui est irrationnel. Alors que la hauteur de la partie supérieure est, de toute façon, une présence de la personne qui écrit, la marge supérieure (non-présence) est un espace qui n'est pas occupé, qui est laissé aux personnes que nous considérons "titulaires" de celui-ci.

La personne qui ne reconnaît pas de dignité à ce que représente la marge supérieure (à cause d'une tendance de genre anarchique ou par défi dérivant d'un complexe) laissera un petit espace démontrant tout de même le besoin d'occuper un espace.

Celui qui laissera une marge supérieure normale dénotera une considération normale et une acceptation de l'autorité.

La personne qui laisse un grand espace supérieur révélera sa servitude à la loi morale et spirituelle (et à ses représentants), reconnaissant une place privilégiée à l'autorité ; elle aura un Surmoi développée et toujours attentif, démontrant, du moins formellement, dépendance et respect vis-à-vis de la hiérarchie.

Ampleur de la marge de gauche. La gauche, point d'origine de l'écriture, est le lieu de naissance symbolique de la personne qui écrit (l'archétype maternel considéré comme origine et provenance). La marge de gauche est un espace que nous mettons inconsciemment entre le présent (ce que nous sommes) et le passé (ce que nous étions). L'ampleur de la marge de gauche explique donc le rapport avec ce que nous avons vécu et reflète le degré d'autonomie (ou d'attachement) par rapport au passé.

Une petite marge gauche témoignera de l'attachement à ce qu'on a vécu (le présent ressenti comme une étroite continuité dans le passé).

Une marge de grandeur française indiquera une prise de distance normale par rapport aux expériences vécues et probablement un bon équilibre provenant d'une assimilation correcte de celles-ci.

Une grande marge à gauche révélera le détachement par rapport à ce qu a été vécu et la tendance à "tourner la page" (aujourd'hui je ne suis plus ce que j'étais hier).

Ampleur de la marge de droite. La marge de droite est "l'épaisseur" que nous mettons inconsciemment entre le présent et le futur. La droite, entendue comme direction et activité dans le monde, est symboliquement le lieu de l'archétype paternel . Donc l'ampleur de la marge droite met en évidence le rapport entre ce que nous sommes en train de faire et ce que nous pensons faire.

Une petite marge à droite indiquera le besoin de contact et d'avoir de l'espace et donc de la confiance et une projection vers le futur ou même un défi envers le monde.

Un espace moyen de la marge de droite dénotera un élan social équilibré et un contrôle naturel des impulsions extraverties.

Une grande marge à droite marquera d'une côté une prise de distance par rapport à l'inconnu, au prochain, à demain, et de l'autre un besoin de se créer un domaine précis d'action dans le présent (de cultiver son propre domaine dont les limites sont plutôt bien fixées).

Inclinaison de l'alignement de gauche. Les principales ampleurs de la marge gauche déterminent diverses inclinaisons de l'alignement rectilignisé correspondant.

Ces inclinaisons révèlent la position de la personne qui écrit par rapport à son passé, c'est-à-dire sa relation avec ses expériences ainsi que les éventuelles influences qui conditionnent le quotidien.

La tendance vers le passé, ou bien la tentative de détachement qui n'a pas réussi, créera une diminution progressive de la marge de gauche.

L'affirmation d'une position d'attachement ou de distance avec les expériences passées se manifestera par une marge constante.

Le besoin de se détacher des choses vécues, sans qu'il soit satisfait, déterminera une augmentation progressive de la marge de gauche.

Inclinaison de l'alignement de droite. Certaines ampleurs de la marge de droite créent des inclinaisons de l'alignement rectilignisé correspondant qui révèlent la constance ou, au contraire, le degré de dynamisme du scripteur dans son rapport avec la réalité, compose aussi bien comme projet futur que comme action dans le présent.

On trouvera ainsi un retrait progressif après un élan initial et donc une augmentation de la crainte à poursuivre une action, dans le cas d'une marge de droite qui augmente.

Une position solide vis-à-vis du futur sera représentée par un alignement de droite plutôt perpendiculaire à la ligne de base.

Une augmentation de confiance après une certaine restriction initiale, et donc une pénétration progressive dans la réalité, déterminera une marge qui va en diminuant.

Importance des lettres initiales. L'importance des premières lettres des mots démontre l'intérêt que le scripteur porte à la "première impression". Elle trahit donc l'éventuel camouflage du Moi, caché sous des formes belles et superflues pour dissimuler ou pour l'importance donnée à la forme.

Une valeur basse indiquera une façon humble et modeste de se présenter et révèle ainsi un certain complexe d'infériorité.

Une valeur moyenne appartiendra à une personne modérée et réaliste qui, ne ressentant pas le besoin de se dissimuler, n'aura pas la nécessité de mettre particulièrement en évidence les lettres initiales, mais elle rendra leur forme homogène par rapport au reste du contexte d'écriture.

Une valeur élevée sera le signe d'une intention d'apparaître "mieux" et/ou "plus", qui pousse le scripteur à mettre en évidence les premières lettres, afin de faire bonne impression."

A suivre...